4924 km nous ont séparées pendant 4 mois. J'étais à Dakar au Sénégal et Lætitia était à Brouville en France.
Là-bas, je dessinais, je photographiais, j'écrivais, j'enregistrais, puis j'envoyais mes télégrammes.
Lætitia m'a répondu en poèmes, sur cette ville qu'elle découvrait au fil de ces notes.
La collaboration continue, toujours à distance. Le retour fait autant parti du voyage que le voyage lui-même.
"Soudoul gnibi touki dou nekh."

mardi 25 février 2014

Tambaambaalu Nr. 1

Dimanche, nous avons fait notre premier tambaambaalu avec Babacar.
2h de marche au travers de la medina. Un tambaambaalu vertical.
Monter sur les terrasses, regarder d'en haut, redescendre, remonter.
Jouer au babyfoot, prendre un taxi désossé, entendre au loin les sabars.
Je pensais ne pas prendre de photo mais je ne sentais à l'aise et dès les premières minutes,
j'ai commencé à photographier mais... ironie ou pas... avec le cache sur l'objectif.
Mes 12 premières photos seront donc noires.

24.02.14 La belle maison cassée, à côté de la belle maison carrelée, à coté de la mer, Yoff Layène, Dakar.

 «Tu vas écrire un texte en dessous? Parce que souvent, dans les livres, il y a une image et un texte en dessous,
alors je pensais que tu écrivais un texte. Et maintenant tu vas mettre de la couleur? C'est bien quand tu mets de la couleur.
et pourquoi tu dessines pas la voiture? Et la maison bleue à gauche? tu aurais pu supprimer la mer et dessiner la maison bleue.»

 


 24.02.14 Le filet de foot, le soir, au coucher du soleil, Yoff Layène, Dakar.

dimanche 23 février 2014

Devant le mausolée

22.02.14 La plage de Yoff au niveau du mausolée de Seydina Limamou Laye, le fondateur de la confrérie Layène, Yoff Layène, Dakar.

Télégramme de Brouville - réponse aux dessins

Pour dessin 12.02.14

Les murs se brossent de noir
Car c'est la mer
Que l'on cherche en clair.
Elle se trouve
En cette verticale brochée
Au creux de deux pages de carnet.


Pour dessin 13.02.14

La mer
Cet endroit
Non filaire
Auquel mène
Une rue
Etoilée de câbles
Plus ou moins tendus
Plus ou moins linéaires.

samedi 22 février 2014

Découpe d'un boeuf au marteau

Il est 1h50 du matin.
Depuis environ 1h des coups de marteau résonnent dans le patio.
J'ouvre la fenêtre et je sens une odeur similaire à celle
qui se rependait dans Dakar lors de la Tabaski, une odeur de chair.
Abdoul se lève aussi et ouvre l'autre fenêtre. Il interpelle les gens.
Nous ne voyons pas ce qu'ils font, juste leur visage, ils tapent sur quelque chose.

Il est 1h50 du matin et ils sont entrain de découper un boeuf.

Ce matin, l'odeur de viande envahit la maison, ils la cuisent.

Tambaambaalu

Tambaambaalu signifie errer.
Aller sans but, une énergie libre.

Babacar vient de la médina et est photographe.
On voudrait marcher côte à côte,
faire des tambaambaalus dans la médina,
des moments d'errance à deux, en parallèle.
Regarder ensemble cette médina qu'il connaît,
que je commence à connaître.
Il mesure 2m, je mesure 1m60,
juste pour dresser un portrait de notre binôme.

Je lui dis que, peut-être, il y aura des tambaambaalus sans photo.
J'ai besoin de temps, de dessiner, de regarder, de vivre là.
Je lui dis que j'ai demandé à Abdoul si c'était envisageable de loger
quelques nuits à la médina chez Fatou Peul, la tante d'Abdoul.
Je voudrais pouvoir m'endormir là-bas, me réveiller là-bas.
«Je ferais des jaloux!» ajoute-il.
Fatou Peul accepte, me dit que je peux venir quand je le souhaite.
Elle organisera une petite place pour moi, dans son lit.
J'ai hâte.


là où j'habite



17.02.14 La cour que l'on voit depuis la terrasse de notre immeuble, Yoff Layène, Dakar.


13.02.14 La rue où l'on voit la mer tout au bout, Yoff Layène, Dakar.



12.02.14 La terrasse à lumière de la lune, Yoff Layène, Dakar.

lundi 17 février 2014

en route




















«Ce n'était pas ainsi que j'imaginais l'aéroplane: on pouvait s'y déplacer,
on y faisait ses besoins, on y riait, on y parlait, on s'y embrassait, on s'y aimait,
on y vivait, on y mourait aussi. Un avion est une planète entière. Ainsi les bateaux,
les trains, les autos. Tout ce qui permettait de partir était une planète.

Comme les pieds.»

Le baobab fou, Ken Bugul

dimanche 2 février 2014

Destination

Les autres n'existent pas
Il n'y a que mes semblables méconnus.

L'ailleurs ne m'est pas distinct
Je suis aujourd'hui à lui
Une once potentielle.
Il me sera morceau
Après ce présent.

Les êtres avancent en lignes inclinées.
Je leur souhaite la tête en avant
Et les pieds en arrière.

Les personnes avachies
Contiennent un esprit plongeur
Qui fabrique du lien, une marque,
Une place pour ce lieu
Avant même le voyage.