4924 km nous ont séparées pendant 4 mois. J'étais à Dakar au Sénégal et Lætitia était à Brouville en France.
Là-bas, je dessinais, je photographiais, j'écrivais, j'enregistrais, puis j'envoyais mes télégrammes.
Lætitia m'a répondu en poèmes, sur cette ville qu'elle découvrait au fil de ces notes.
La collaboration continue, toujours à distance. Le retour fait autant parti du voyage que le voyage lui-même.
"Soudoul gnibi touki dou nekh."

samedi 26 avril 2014

un léger passage à vide pleins de questionnements

Je sens comme le lien qui me lie à ce que je dessine est fragile.
Je sens que la moindre perturbation dans ma tête, le moindre trouble,
le fragilise encore et je perds le contact et je perds l'envie et je perds
la concentration. Mon trait s'affaiblit, ne parle plus. Je ne parle plus.
Je sens un systématisme qui m'ennuie. Je voudrais changer d'outil, de format,
grandir sur la feuille, trouver un geste, un pas de danse, un mouvement.

Il y a des journées comme celle-ci où on ne trouve pas sa place.
J'arrive chez Vieux pour travailler, tranquille, seule. Il n'est pas la,
mais a laissé la porte simplement bloquée par une pierre pour que je puisse rentrer.

1 min et Pa modou arrive, puis Zo, puis encore un autre. On se retrouve à 4
dans la toute petite pièce, ouf... c'est trop, pas de concentration possible...
Je quitte les lieux et pars essayer de trouver une place dehors, sur un bout de trottoir
pour lire peut-être. Je m'assoie, au soleil, tranquille, sur une marche.

1 min et la meuleuse se met à hurler dans mon oreille gauche. Bon, apparemment,
ce n'est pas encore là ma place pour aujourd'hui. J'avance dans la rue, plus loin,
il y a un banc en bois à l'ombre, il a l'air bien. Je m'assoie.

1 min et une énorme bourrasque de vent s'engouffre dans la rue, j'ai froid.
Ce n'est pas encore là ma place. Je pars et trouve sur l'avenue une pierre qui me fait
signe. Je m'assoie encore une fois et voudrais écrire sur cette recherche de place.
Je n'ai pas pris mon carnet, ni mon stylo. Je pense alors à un endroit, pas loin,
que je voulais dessiner. Aller, motive toi, tu y vas et tu dessines. Ok? Je trouve le lieu,
tourne autour de mon sujet, trouve une place sur le trottoir en face, c'est bien,
je commence.

1 min et une voiture recule sur moi, son pot d'échappement dans mes narines,
elle m'intoxique et me bouche la vue.

D'accord, je crois que j'ai compris, je vais rentrer.

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