"Quand est-ce que la réalité cède le pas au voyage?" Ken Bugul
4924 km nous ont séparées pendant 4 mois. J'étais à Dakar au Sénégal et Lætitia était à Brouville en France.
Là-bas, je dessinais, je photographiais, j'écrivais, j'enregistrais, puis j'envoyais mes télégrammes.
Lætitia m'a répondu en poèmes, sur cette ville qu'elle découvrait au fil de ces notes. La collaboration continue, toujours à distance. Le retour fait autant parti du voyage que le voyage lui-même. "Soudoul gnibi touki dou nekh."
Dans une boite en bois
l'espace s’écarquille
et le ciel ondoie.
Le fil d'un lampadaire
ressemble à la tige d'un pissenlit,
son aigrette prête à fuir semer d'autres contrées.
Tout est loin du fond d'une boite en bois
sensible à la lumière, aux droites et aux noirs.
Une fin de séjour
un brouillage grimpant
un fin fil s'épaissit
la myopie revient à l'hôte
l'opacité reconquièrent les rues
la ville referme ses murs
renferme son bruit,
Phrases peintes directement sur les murs de Dakar par Sean Hart.
Sténopé fabriqué dans plusieurs boîtes de sardines empilées par Vieux Cissé.
Je me suis chargée de la prise de vue.
On présente demain soir cette collaboration à la Biscuiterie de la Médina dans le cadre
de l'exposition Mémoires du futur, organisée par le journal Afrikadaa pour Dak'art 2014.
Devant chez Fatou Peulh à la médina.
La radio est posée sur le trottoir devant une boutique.
Les versets du Coran y sont chantés en continu,
la lecture de la version longue du Coran peut durer 3 à 4 jours.
Comment les vagues avancent-elles
et qu'avons-nous à y pêcher?
Nous nous sommes crues bredouilles,
c'était faute de
déceler au travers des gouttes,
dessous les écailles,
une forme qui conte les roulements marins
et le déroulé chaotique de leur marche.
Depuis la ligne d'horizon
jusqu'à nos pieds sur le sable,
un chemin à rebrousse-oeil
se décrit comme une bienveillante farce.