4924 km nous ont séparées pendant 4 mois. J'étais à Dakar au Sénégal et Lætitia était à Brouville en France.
Là-bas, je dessinais, je photographiais, j'écrivais, j'enregistrais, puis j'envoyais mes télégrammes.
Lætitia m'a répondu en poèmes, sur cette ville qu'elle découvrait au fil de ces notes.
La collaboration continue, toujours à distance. Le retour fait autant parti du voyage que le voyage lui-même.
"Soudoul gnibi touki dou nekh."

jeudi 20 mars 2014

Il est 3h et il y a tant de choses...

Il est 3h, oui, et je ne sais pas par où commencer.
Une semaine est passée, tant de choses, comme une respiration bloquée.
J'ai quitté Yoff, juste un instant, quelques nuits et quand je reviens
le jeune de la boutique me demande: «tu étais partie?»
Je reviens à la Médina après 2 nuits à Yoff et là pareil, tout le monde me questionne:
«mais... ça fait longtemps. Fan demoon? Tu étais où?»

Ce matin, nous avons couru derrière Vieux Cissé, un ami, au marché de Colobane,
le royaume de la frippe. Il est là-bas chez lui, il est grand, a de bonnes chaussures en cuir au pied,
il trace dans les ruelles, se glisse entre les taxis, secoue, retourne, fait voler des tas de chutes de wax,
et nous, nous suivons, un peu perdues, un peu asphyxiées dans ce marché, coincé entre l'autoroute
et l'ancienne voie de chemin de fer. Un plongeon dans cette ville dans la ville.

Cet après-midi, nous avons été tirées par le bras par des jeunes filles qui, venant à l'atelier,
ont decouvert le cimetière musulman qui se trouve sur la Corniche, à côté de l'école où nous travaillons.
Elles veulent que nous priions pour les morts...  Elles nous demandent en quoi nous croyons
si nous ne croyons pas en Dieu. Elles sont profondément marquées par ce cimetière.

Celui-ci est à environ 800 m de chez elles.
Elles ne l'avaient jamais vu.
Elles n'étaient jamais venues jusque là.
Elles ne sont jamais sorties de leur quartier de la Médina.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire